Chris Abrahams - Memory Night

CHRIS ABRAHAMS - Memory Night (Room40, 2013)
Avec ces quatre compositions électroacoustiques, Chris Abrahams s'écarte radicalement des explorations soniques du synthétiseur DX-7, comme des séquences hypnotiques utilisées au piano dans The Necks. Principalement composées sur ordinateur et à l'électronique, ces quatre pièces usent également volontiers du piano. Un piano préparé où les cordes sont frottées comme sur la première pièce, quand ce n'est pas une improvisation modale sur un fond sonore aux allures dub. Un mélange subtil et raffiné où instruments et boucles numériques se côtoient avec délicatesse et subtilité.

Memory Night n'a rien de l'improvisation expérimentale, qu'elle soit libre, non-idiomatique ou électroacoustique. Toutes les pièces sont clairement structurées et les idiomes sont utilisés avec abondance. Que ce soit un solo de piano modal, des scratch hip-hop, des boucles dub, des nappes proches de l'ambient et de l'abstract hip-hop, Chris Abrahams navigue sur des eaux connues oui, mais avec un navire très personnel. Il y a toujours des repères auxquels s'accrocher, des codes musicaux connus, mais le pianiste et compositeur les arrange d'une manière personnelle, au sein d'une ambiance plutôt sombre et intimiste. Carnets de bords d'un voyage nocturne au sein des goûts de ce musicien australien qui n'a pas fini de me surprendre.

Quatre compositions personnelles et singulières qui s'écoutent avec une certaine facilité, une facilité parfois déconcertante même. Chris Abrahams propose une sorte de musique qui pourrait ressembler à de l'idm lente, ou à du dub improvisé, ou encore à de l'eai mélodique et pulsé, à moins que ce ne soit rien de tout ça, juste une œuvre personnelle et singulière, intime et originale. En tout cas, même si l'aspect accrocheur et la propreté impersonnelle des nappes synthétiques me rebutent par moments, je reste admiratif devant la finesse avec laquelle séquences numériques et jeux instrumentaux s'équilibrent et se côtoient sans opposition, avec quel raffinement ils se mélangent sans s'imiter. Mais aussi devant la singularité de ces univers sonores improbables et inattendus.